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Rodel Tapaya : L’archipel des métamorphoses

Publié le : 27 Juillet 2025

Par : Hervé Lancelin

Catégorie : Critique d’art

Temps de lecture : 13 minutes

Rodel Tapaya transforme les mythes philippins en épopées contemporaines. Ce peintre de Montalban développe depuis deux décennies un langage plastique unique qui révèle les structures profondes de l’imaginaire postcolonial. Ses toiles denses et narratives conjuguent recherche ethnographique et sophistication formelle pour créer une oeuvre d’une modernité radicale.

Écoutez-moi bien, bande de snobs. Voici un artiste qui refuse catégoriquement vos classifications bien rangées et vos théories préfabriquées. Rodel Tapaya, né en 1980 à Montalban dans la province de Rizal aux Philippines, peint des toiles qui fonctionnent comme des cartes topographiques de l’inconscient collectif philippin. Ses oeuvres ne se contentent pas d’illustrer des récits folkloriques ; elles révèlent les strates géologiques de la mémoire culturelle avec une précision chirurgicale et une poésie dévastatrice.

L’anthropologie structurale du mythe contemporain

L’oeuvre de Tapaya trouve sa résonnance théorique la plus profonde dans les travaux de Claude Lévi-Strauss, particulièrement sa conception du mythe comme langage structurant la pensée inconsciente. L’artiste lui-même reconnaît cette influence lorsqu’il déclare : “Comme Lévi-Strauss le croyait, les mythes ne sont pas simplement une construction aléatoire de croyances primitives ou de mentalité arriérée, mais des pseudo-histoires. Ils fournissent la matière première pour une analyse systématique du fonctionnement de l’esprit inconscient” [1]. Cette approche théorique structure l’ensemble de sa démarche créative depuis ses premières investigations sur le mythe de Bernardo Carpio : “En tant que jeune garçon imaginatif et crédule, j’étais convaincu que c’était vrai” [2]. Cette approche structure fondamentalement la pratique artistique de Tapaya, qui opère comme un ethnographe de l’imaginaire contemporain.

Dans Baston ni Kabunian, Bilang pero di Mabilang (2011), oeuvre qui lui valut le prestigieux Signature Art Prize, Tapaya déploie une méthode d’analyse structurale des mythes philippins remarquablement sophistiquée. La figure de Kabunian, divinité créatrice des Cordillères du Nord Luzon, devient le centre organisateur d’un réseau complexe de relations binaires : tradition/modernité, nature/culture, sacré/profane. L’artiste ne se contente pas d’illustrer le mythe ; il en décompose les éléments constitutifs pour les recomposer selon une logique qui révèle les structures profondes de la pensée philippine contemporaine.

Cette méthode rejoint directement l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss dans sa capacité à identifier les invariants mythiques au-delà des variations culturelles. Tapaya opère une véritable archéologie des formes symboliques, exhumant les mythèmes fondamentaux pour les actualiser dans le contexte post-colonial. Sa technique du collage, développée systématiquement depuis 2011, reproduit mimétiquement le processus de bricolage mythique tel que l’analysait l’anthropologue français. Chaque fragment visuel fonctionne comme un mythème, unité minimale de signification qui peut être recombinée selon des logiques nouvelles.

L’approche de Tapaya présente cependant une spécificité majeure par rapport au structuralisme de Lévi-Strauss : elle intègre la dimension diachronique de l’histoire coloniale philippine. Ses oeuvres ne révèlent pas seulement les structures universelles de l’esprit humain, mais les transformations spécifiques que ces structures subissent sous l’impact de la colonisation espagnole, américaine et de la globalisation contemporaine. The Chocolate Ruins (2013) exemplifie cette approche en montrant comment le cacao, produit colonial par excellence, devient un opérateur de transformation mythique qui révèle les mutations de l’imaginaire philippin sous l’influence du capitalisme global.

L’artiste manipule également les temporalités mythiques selon une logique qui évoque les analyses de Lévi-Strauss de la pensée sauvage. Dans Aswang Enters the City (2018), les créatures mythologiques aswang infiltrent l’espace urbain contemporain, opérant comme des médiateurs symboliques entre l’ordre traditionnel et le chaos moderne. Cette oeuvre révèle comment les structures mythiques archaïques continuent d’organiser la perception du présent, particulièrement dans le contexte de la violence extrajudiciaire sous l’administration Duterte.

La dimension collective de cette production artistique rejoint enfin la conception de Lévi-Strauss du mythe comme propriété du groupe plutôt que de l’individu. Tapaya travaille systématiquement à partir d’enquêtes ethnographiques informelles menées dans les provinces philippines, collectant les variantes locales des récits traditionnels. Cette méthode transforme l’artiste en passeur culturel qui réactive les structures narratives collectives pour les rendre accessibles aux générations urbaines déconnectées de leurs racines rurales. Son atelier à Bulacan fonctionne ainsi comme un laboratoire d’anthropologie appliquée où les mythes retrouvent leur fonction sociale originelle.

L’architecture de l’âme : Dimension psychanalytique de l’oeuvre

L’art de Tapaya révèle également des résonances profondes avec l’architecture de l’inconscient telle que l’analysait Carl Gustav Jung, particulièrement dans sa théorie des archétypes et de l’inconscient collectif. Les toiles de l’artiste philippin fonctionnent comme des mandalas contemporains, structures circulaires et complexes qui révèlent les tensions psychiques fondamentales de la société post-coloniale. Cette dimension psychanalytique se manifeste avec une acuité particulière dans sa série des “Scrap Paintings” développée depuis 2019, où l’accumulation obsessionnelle de fragments visuels évoque les mécanismes de condensation et de déplacement décrits par Freud dans son analyse des processus oniriques.

La topographie psychique des oeuvres de Tapaya présente une structure remarquablement cohérente qui évoque la cartographie jungienne de la psyché. Ses compositions denses, où “aucun espace n’est laissé vide”, reproduisent l’horror vacui caractéristique de l’art populaire philippin, mais révèlent simultanément une angoisse existentielle plus profonde liée à la fragmentation identitaire post-coloniale. Cette densité compositionnelle ne relève pas du simple décoratif ; elle traduit plastiquement l’état de saturation psychique d’une société bombardée d’informations contradictoires et de références culturelles hétérogènes.

L’analyse jungienne permet de comprendre pourquoi les créatures hybrides de Tapaya exercent une fascination si puissante sur le spectateur contemporain. Les aswang, tikbalang et autres entités mythologiques philippines qu’il représente fonctionnent comme des archétypes de l’Ombre, cette part refoulée de la psyché collective qui resurgit dans les moments de crise sociale. Hooded Witness (2019) illustre parfaitement cette dynamique : la figure encapuchonnée, héritière des collaborateurs makapili de l’occupation japonaise, révèle la persistance des mécanismes de délation et de violence dans les Philippines contemporaines. L’oeuvre fonctionne comme un révélateur des contenus refoulés de la conscience nationale.

L’utilisation systématique que fait Tapaya des métamorphoses animales s’inscrit dans cette perspective psychanalytique. Ses personnages qui se transforment en porcs, crocodiles ou singes actualisent les mécanismes archaïques de projection décrits par Jung, où les pulsions humaines se cristallisent sous forme animale. Multi-Petalled Beauty (2012) présente ainsi un singe en transformation qui évoque irrésistiblement les fantasmes contemporains de modification corporelle et d’amélioration génétique. L’animal devient le support d’une réflexion sur les désirs narcissiques de perfectionnement qui travaillent la société de consommation globalisée.

La fonction cathartique de ces représentations s’apparente aux mécanismes thérapeutiques de l’art-thérapie de Jung. En donnant forme visible aux contenus inconscients, Tapaya opère une véritable cure psychanalytique collective. Ses toiles fonctionnent comme des espaces transitionnels où la société philippine peut affronter ses traumatismes historiques sans être submergée par leur charge émotionnelle. The Sacrificial Lamb (2015) exemplifie cette fonction curative en représentant un sacrifice fraternel qui évoque simultanément les traditions préchrétiennes et la Passion christique, permettant une intégration symbolique des différentes strates religieuses de la culture philippine.

La récurrence obsessionnelle de certains motifs dans l’oeuvre de Tapaya révèle enfin l’existence de véritables complexes au sens jungien du terme. Le crâne humain, omniprésent dans ses compositions, fonctionne comme un noyau affectif autour duquel gravitent les angoisses collectives liées à la mort violente et à l’impunité. Cette imagerie mortuaire ne relève pas du simple macabre ; elle traduit l’intégration psychique nécessaire d’une société confrontée à des niveaux de violence exceptionnels.

L’innovation majeure de Tapaya réside dans sa capacité à transformer ces contenus psychiques archaïques en langage plastique contemporain. Ses collages reproduisent mimétiquement les processus associatifs de l’inconscient, où les images se connectent selon des logiques non-rationnelles qui révèlent des vérités plus profondes que la simple analyse conceptuelle. Cette méthode place l’artiste dans la lignée des grands explorateurs de l’inconscient, d’André Breton à Max Ernst, tout en conservant une spécificité culturelle philippine irréductible.

L’épopée postcoloniale du présent

Ce qui distingue fondamentalement Tapaya des autres peintres narratifs contemporains, c’est sa capacité unique à transformer l’actualité politique en matière épique. Ses toiles ne décrivent pas ; elles transfigurent. Quand il peint les exécutions extrajudiciaires de l’administration Duterte dans Aswang Enters the City, il ne produit pas de l’art militant classique mais une véritable cosmogonie du pouvoir contemporain. Les policiers métamorphosés en créatures mythologiques révèlent comment la violence d’État s’enracine dans des structures imaginaires archaïques que la modernité démocratique n’a jamais vraiment éradiquées.

L’approche de Tapaya rejoint ici les analyses les plus pénétrantes de la condition postcoloniale. Ses oeuvres révèlent comment les sociétés du Sud Global naviguent dans un espace-temps disloqué où coexistent simultanément plusieurs régimes temporels : le temps circulaire des mythes traditionnels, le temps linéaire de la modernité occidentale, et le temps accéléré de la globalisation contemporaine. Cette polyrythmie temporelle structure l’ensemble de sa production artistique et lui confère sa spécificité esthétique.

Sa technique du collage reproduit plastiquement cette temporalité multiple. Dans Instant Gratification (2018), l’artiste superpose des références à José Rizal, héros national du XIXe siècle, à des images de machines à sous et de billets de loterie contemporains. Cette juxtaposition ne relève pas du simple éclectisme postmoderne ; elle révèle comment les désirs millénaristes de la tradition populaire philippine se recyclent dans les fantasmes consuméristes du capitalisme globalisé.

L’originalité de Tapaya tient à sa capacité à éviter les pièges du culturalisme et de l’exotisme. Ses références mythologiques ne fonctionnent jamais comme des ornements décoratifs destinés à séduire le regard occidental, mais comme des outils d’analyse critique de la modernité contemporaine. The Chocolate Ruins transforme ainsi l’histoire coloniale espagnole en clé de lecture des mécanismes néocoloniaux actuels, montrant comment l’extraction des matières premières continue de structurer les rapports entre les Philippines et l’économie mondiale.

Cette dimension critique se manifeste également dans son traitement de l’environnement. Tapaya appartient à cette génération d’artistes du Sud qui ont grandi avec la conscience aiguë de la catastrophe écologique globale. Ses forêts luxuriantes, envahies de créatures fantastiques, évoquent simultanément l’Eden précolonial et l’apocalypse environnementale contemporaine. Manama’s Abode (2013) présente un paysage où l’humain et le minéral fusionnent dans une vision panthéiste qui évoque les cosmologies animistes préchrétiennes tout en dénonçant la destruction minière actuelle.

L’artiste développe ainsi une esthétique de la résistance qui ne passe ni par la nostalgie primitiviste ni par l’utopie futuriste, mais par la réactivation critique du passé mythique. Ses créatures hybrides, ni tout à fait humaines ni complètement animales, incarnent les potentialités non-réalisées de la modernité alternative que les mouvements de libération nationale ont portées avant d’être écrasées par les logiques néocoloniales.

Cette vision politique se cristallise de manière particulièrement saisissante dans ses représentations architecturales. Les édifices de style colonial espagnol qui parsèment ses toiles ne fonctionnent jamais comme de simples éléments de décor, mais comme des marqueurs de l’inscription spatiale du pouvoir. Dans Whisper Cutler (2014), le bâtiment classique qui domine la composition évoque simultanément les palais de justice coloniaux et les institutions démocratiques contemporaines, révélant la continuité des structures d’oppression au-delà des changements de régime politique.

Tapaya s’impose ainsi comme l’un des chroniqueurs les plus pénétrants de la condition postcoloniale contemporaine. Son art révèle comment les sociétés issues de la décolonisation continuent d’habiter des espaces mentaux structurés par l’expérience coloniale, tout en développant des stratégies créatives de réappropriation culturelle. Comme il l’exprime lui-même : “D’une certaine manière, je réalise que les vieilles histoires ne sont pas seulement des métaphores. Je peux trouver des connexions avec l’époque contemporaine. C’est comme si les mythes étaient des narrations poétiques du présent” [3]. Cette dimension politique ne nuit jamais à la qualité plastique de ses oeuvres ; elle la nourrit au contraire en lui conférant cette urgence existentielle qui caractérise les grandes oeuvres d’art.

L’atelier comme laboratoire anthropologique

Il faut comprendre que l’atelier de Tapaya à Bulacan fonctionne comme un véritable laboratoire de recherche ethnographique. L’artiste y mène depuis des années une enquête systématique sur les traditions orales philippines, collectant les variantes locales des mythes et légendes auprès des anciens des différentes provinces. Cette méthode de travail, qu’il qualifie lui-même de fondée sur la recherche, transforme radicalement le statut de l’artiste contemporain : Tapaya n’est plus seulement un producteur d’images, mais un passeur culturel qui réactive les mémoires enfouies de son pays. Interrogé sur son processus créatif, l’artiste explique comment “le collage est devenu non seulement un processus créatif préliminaire pour la technique que j’emploie dans la série ‘Scrap Paintings’, mais c’est aussi le thème central de mon travail dans son ensemble” [4].

Cette dimension ethnographique de sa pratique rejoint les préoccupations les plus actuelles de l’art contemporain global, où de nombreux artistes développent des approches quasi-anthropologiques de leur pratique. Mais Tapaya évite l’écueil de l’art relationnel occidental en conservant une autonomie esthétique irréductible. Ses enquêtes de terrain ne se transforment jamais en simple documentation ; elles nourrissent un processus de création plastique qui transfigure radicalement les matériaux collectés.

L’innovation majeure de cette approche réside dans sa capacité à réactiver les fonctions sociales traditionnelles de l’art tout en conservant les exigences formelles de la modernité artistique. Les toiles de Tapaya fonctionnent simultanément comme des oeuvres d’art autonomes destinées au marché international et comme des supports de transmission culturelle pour les communautés philippines. Cette double fonction évite la schizophrénie caractéristique de nombreux artistes contemporains du Sud Global, contraints de naviguer entre les attentes contradictoires des marchés locaux et internationaux.

L’économie politique de l’image

La reconnaissance internationale croissante de Tapaya, depuis son prix prestigieux en 2011 jusqu’aux expositions récentes dans les grandes galeries asiatiques et européennes, révèle les transformations du marché de l’art contemporain global. L’artiste philippin incarne l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes du Sud qui imposent leurs références culturelles spécifiques sans concessions aux attentes orientalistes du marché occidental. Ses oeuvres se vendent désormais dans les grandes maisons de vente aux enchères pour des sommes qui dépassent parfois les 300.000 euros, témoignant de l’appétit croissant des collectionneurs pour un art qui conjugue sophistication formelle et ancrage culturel authentique.

Cette réussite commerciale ne doit pas masquer la dimension critique fondamentale de son oeuvre. Tapaya appartient à cette génération d’artistes qui ont grandi avec la conscience aiguë des mécanismes néocoloniaux et qui développent des stratégies esthétiques de résistance particulièrement sophistiquées. Ses références constantes aux systèmes de patronage hérités de la période coloniale espagnole révèlent comment les élites philippines contemporaines perpétuent des structures de domination qui remontent à plusieurs siècles.

The Chocolate Ruins fonctionne ainsi comme une véritable analyse marxiste de l’économie politique philippine, montrant comment l’extraction des matières premières continue de structurer les rapports entre l’archipel et l’économie mondiale. Mais cette critique s’exprime à travers un langage plastique d’une richesse formelle exceptionnelle qui évite toute dimension propagandiste. L’artiste maîtrise parfaitement les codes de l’art contemporain international tout en conservant une spécificité culturelle irréductible.

L’avenir d’une esthétique

Rodel Tapaya représente l’aboutissement d’un processus historique long : l’émergence d’un art contemporain du Sud Global qui impose ses propres références sans complexe ni soumission aux canons occidentaux. Ses oeuvres révèlent comment une tradition artistique locale peut se renouveler radicalement au contact de la modernité globale sans perdre son identité spécifique. Cette synthèse créative ouvre des perspectives esthétiques inédites qui dépassent largement le cadre de l’art philippin.

L’influence croissante de Tapaya sur la scène artistique internationale témoigne d’une transformation profonde des rapports de force culturels globaux. Les artistes du Sud ne se contentent plus d’adapter les innovations formelles du Nord ; ils développent leurs propres langages plastiques qui influencent en retour l’évolution de l’art contemporain global. Cette dynamique révèle l’émergence d’un véritable polycentrisme artistique mondial qui remet en cause les hiérarchies culturelles héritées de la période coloniale.

L’art de Tapaya annonce ainsi l’avènement d’une esthétique véritablement planétaire qui intègre la diversité des traditions culturelles humaines sans les hiérarchiser. Ses toiles révèlent comment les mythes archaïques peuvent nourrir une création contemporaine d’une modernité radicale, ouvrant des voies inexplorées pour l’art du XXIe siècle. Cette synthèse créative entre tradition et modernité, local et global, constitue peut-être l’une des contributions les plus importantes de l’art contemporain du Sud à la culture mondiale.

Dans un monde de plus en plus fragmenté et polarisé, l’art de Rodel Tapaya nous rappelle que la création artistique conserve une capacité unique à révéler les liens profonds qui unissent l’humanité au-delà des différences culturelles apparentes. Ses oeuvres témoignent de cette universalité de l’expérience humaine qui trouve dans la diversité des traditions culturelles non pas un obstacle mais sa plus riche expression. C’est peut-être là que réside la véritable grandeur de cet artiste : dans sa capacité à transformer l’art philippin en miroir de la condition humaine contemporaine.


  1. Rodel Tapaya, cité dans “Dichotomy and Integration of Science and Myth”, On Art and Aesthetics, 19 mai 2020.
  2. Rodel Tapaya, interview avec A3 Editorial, “A3 Behind the Scenes”, 26 avril 2016.
  3. Rodel Tapaya, cité dans l’exposition “Rodel Tapaya: New Art from the Philippines”, National Gallery of Australia, 2017.
  4. Tang Contemporary Art, “Random Numbers Exhibition”, 22 avril 2021.
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Référence(s)

Rodel TAPAYA (1980)
Prénom : Rodel
Nom de famille : TAPAYA
Autre(s) nom(s) :

  • Rodel Tapaya Garcia

Genre : Homme
Nationalité(s) :

  • Philippines

Âge : 45 ans (2025)

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